On aborde ici un problème méconnu
le robuste carcan monétaire
dans lequel l'humanité s'est cadenassée sans en avoir réellement pris conscience.
Il le faudrait pourtant pour réagir efficacement avant qu'il ne soit trop tard :
- croissance « nécessaire » mais manifestement problématiquje à terme,
- crise climatique inéluctable aux conséquences mal estimées,
- pénurie énergétique prochaine que chacun tente d'ignorer,
- population humaine progressant jusqu'à 9 ou 10 milliards avant 50 ans.
On dit qu'il faudrait beaucoup d'argent pour faire face ...
Et la dette publique est déjà si lourde ...Oui, mais ...
Savez-vous d'où émergent et où se perdent les centaines de milliards
qui finalement sont toujours insuffisants ?
Le contenu de ces pages mises en ligne à partir de mars 2005 a pour but de l'expliquer.
La monnaie est un phénomène humain ancien, complexe et toujours évolutif.
Sa compréhension devrait nous donner les moyens de réduire la violence
dont son usage est aujourd'hui encore trop souvent porteur.
C'est probablement un enjeu de civilisation.
[NB : Ce site reprend des informations de pagesperso-orange, suite à leur suppression en septembre 2023]
Durci, car en ce début de la décennie 2020-2030, le réchauffement climatique exigerait des financements considérables, tandis que la remontée rapide des taux d'intérêt en accentue le poids ...
Dans la décennie 2005-2015, et notamment ici, il était fréquent de s’interroger sur l’origine, le fonctionnement et la pertinence du système monétaire à « réserves fractionnaires ». Sans revenir sur le détail de ces analyses, cela veut dire qu’un client déposant ses économies dans une banque ne peut obliger cette banque à les conserver dans leur totalité. Il est légalement permis à cette banque de reprêter une part importante de ce dépôt à un autre client, charge au banquier de rester capable d’honorer tous les retraits qui lui seront éventuellement demandés. Ceci pouvait avoir une certaine utilité en augmentant les liquidités quand la valeur de l’unité monétaire était directement accrochée à une quantité définie de métal précieux. Cette pratique a aussi pour conséquence que le même dépôt initial diffuse dans les clientèles des banques et se trouve, de fait, prêté plusieurs fois sans que ce soit apparent pour chacun des prêts successifs. La théorie monétaire nomme « multiplicateur de crédit » le rapport entre le montant du total des prêts accordés à partir d’un dépôt donné et ce même dépôt. C’est ainsi qu’on a pu déplorer dans une information bancaire (de Natixis – Flash économie 06 mai 2009 - N° 216 septembre 2009) le fait qu’à partir de 1000 € les banques n’en génèrent plus que 3500 alors qu’elles en généraient plutôt 4800 avant. C’est qu’en effet la clientèle emprunteuse porte le fardeau des intérêts associés aux crédits accordés. Encore faut-il ajouter que nous étions alors en période de taux d’intérêts faibles, voire négatifs ; ceci pour encourager les investisseurs à intervenir.
Les échanges antérieurs portaient surtout sur la bonne compréhension des mécanismes en place, qui n’étaient pas toujours bien assimilés. C’est ainsi qu’à l’automne 2008, un agent bancaire par ailleurs dévoué, compétent et amical tenta de calmer mes craintes : chez nous, quand on vous prête un euro, c’est qu’on en a huit en caisse ! Je lui répondais sur le champ que ce n’était pas ma compréhension. J’entendais plutôt que, dès que son établissement avait un euro en caisse, il pouvait chercher à en prêter jusqu’à huit sans grand risque ! Dans la bonne humeur et pour conclure, mon banquier m’assura qu’il reverrait ses classiques !
En résumé, notre système monétaire est clairement une construction à trois étages. Tout en haut la Banque Centrale. Elle est en réalité la banque des banques. Nous situerons ces banques au premier étage. Au rez de chaussée sont tous les agents économiques ; ils constituent les clientèles des banques. Et le Trèsor Public, me direz-vous ? Il a son compte en Banque Centrale et relève donc du premier étage. Il n’est pas une banque cependant. Il ne peut se refinancer auprès de la Banque Centrale comme les banques commerciales ; il doit si besoin emprunter au marché, c’est à dire à ceux qui disposent de capitaux à placer. En simplifiant quelque peu ( je pense à l’usage des pièces et billets), on peut dire que la Banque Centrale tient les comptes des banques commerciales et de l’État, comptes libellés en « euros » ; on précise souvent « euros de base ». Les banques commerciales quant à elles tiennent les comptes des agents économiques, chacune gérant les comptes de sa clientèle, comptes libellés également en « euros », mais en réalité ce sont des « promesses d’euros de base » On constate qu’il y a nettement plus de « promesses d’euros de base» qu’il n’y a d’ « euros de base » disponibles à l’étage supérieur du fait des « réserves fractionnaires ». La Banque Centrale émet la « monnaie de base » pour les banques commerciales à ses conditions (taux de base, quantitative easing …) ; elle n’émet pas pour l’État qui, selon la réglementation , doit emprunter au marché. Les banques commerciales émettent leurs « monnaies bancaires » à leurs conditions pour les agent économiques.
Que voilà un système complexe car chargé d’histoire. On trouve ce système de Banque Centrale apparemment un peu partout dans le monde, bien que dans le détail il peut y avoir des différences ( y compris entre la FED et la BCE). La réforme de ce système monétaire à réserves fractionnaires, qui conduit à ce que collectivement nous achetons notre monnaie aux détenteurs de capitaux, est périodiquement évoquée depuis des décennies. Il semble qu’on en parle de moins en moins comme si c’était devenu un non-sujet, alors que tous nos indicateurs récents virent au rouge.
Commençons par l’arrivée de la pandémie du Covid qui a mis en évidence le sort commun des populations humaines ; n’aurions-nous pas besoin d’être à l’avenir plus solidaires. La guerre en Europe Centrale vient nous rappeler que l’incroyable peut arriver. Au nom de quoi ou de qui ne pouvons-nous nous entendre pour exiger un cessez le feu et un arbitrage international. Le retour brutal de l’inflation, les taux d’emprunts élevés risquent de déchirer encore plus nos sociétés. Et le dérèglement climatique que maintenant on voit à l’oeuvre. L’effondrement de la biodiversité est moins visible mais tout aussi présent. Par ailleurs on entend évoquer des recherches par diverses Banques Centrales sur ce que pourrait être une monnaie numérique de Banque Centrale complètement dématérialisée. S’agit-il de compléter les formes de monnaie déjà existantes ? En quoi serait-elle utile ? N’est-ce pas le moment de s’interroger sur ce que serait un système monétaire à « réserves totales » qui existe bien dans la pensée économique depuis environ un siècle mais reste le plus souvent refoulé dans les marges.
Il y a de choses à faire et vite. Et si nous n’arrivions pas à les faire en temps voulu, non pas parce que nous ne savons pas comment les faire, mais simplement par ce que nous ne savons pas comment les financer ? Emprunter, c’est alourdir la dette ; renoncer c’est ne pas agir. Cherchons un système, simple pour être compris de tous, juste pour être accepté, collectif pour que chacun ne se limite pas à ses affaires mais contribue au devenir de nos sociétés. Cette question du financement s’invite toujours dès qu’il s’agit de faire ? Il ne faut surtout pas la glisser sous la table. Il est possible que se soit la première chose à faire mais pas nécessairement la plus difficile si l’opinion publique ouvre le débat.
J.J. Septembre 2023